« [Dans] la rhétorique du fascisme […] l’insulte l’emporte sur l’argument. […]
Finalement, on ne peut pas, il ne faut pas se défendre [de l'accusation
d'antisémitisme]. La seule réaction efficace, c'est l'attaque. »
Alain Badiou et Eric Hazan, L’antisémitisme partout, 2011, p.59-60.

 


Comment tacler
ceux qui, de quelque obédience ethnique soient-ils, se rengorgeront de s’entendre dire
que cette manifestation est subtilement antisémite (= secrètement judéophobe),
ou de l’antisémitisme au énième degré,
ou de l’antisémitisme pur et dur dissimulé derrière l’énormité délibérément outrancière d’une farce soi-disant trop ouvertement antisémite pour l’être vraiment ?

1. Surtout ne pas rétorquer qu’il y a des juifs de souche et d’adoption dans l’aventure : ça fait louche. Et ne prouve rien : des traîtres sévissent dans toutes les cliques.

2. Répondre plutôt que, si les Sherlock Holmes d’opérette de la PPC (Police du Politiquement Correct), avec leur fière suspicion d’avance, leur mesquine méfiance de principe et leur fameuse perspicacité de salon, ne sont pas comme les goys (qui, eux, sont partout), ils sont quand même vachement nombreux!

3. Préciser au passage que censeurs qui sèment semblable doute… ne s’aiment pas, sans aucun doute. Et que contre cette forme-là de bêtise (comme contre n’importe quelle autre forme de bêtise d’ailleurs), le Collectif ne peut rien. Mieux : veut ne rien pouvoir. Encore mieux : cultive son impuissance (cfr article 2 de la Charte). Quand bien même ladite bêtise se drape dans un syllogisme érudit à faire retourner Aristote dans sa tombe :

           Manifesteront le 22 janvier 2012 des bataillons de goys au cri de « Nous aussi, on est partout ! ».
              Or, Je suis partout (1930-1944) est un journal français antisémite, profasciste et collaborationniste.
              Donc les manifestants du 22 janvier 2012 sont d’authentiques antisémites qui, dans le meilleur des cas, s’ignorent.

4. Rappeler aux plus tonitruants, péremptoires ou suicidaires de ces inquisiteurs que rien ne peut tétaniser le Collectif MANIFESTEMENT... et qu'il a gagné tous les procès en diffamation que la postérité lui a intentés !

5. Avouer enfin que, si le Collectif ne compte aucun négationniste dans ses rangs, on n'y dénombre aucun mégasioniste non plus!

 

– Je vous entends bien, vous êtes très malin, mais votre entreprise me semble quand même, malgré tout, quelque part, un peu ambiguë…
– Tant mieux pour vous / nous * !
– C'est quoi, ce signe * ?
– C'est pour dire : biffer la mention inconvenante.
– ... j'aime bien le mot : votre manifestation me semble, quelque part, inconvenante…
– Le Collectif se doit de manquer aux convenances si cela lui convient.
– Et il vous convient de courir le risque de passer pour une bande d'antisémites ?... Mais je vois que ma question vous fait bâiller !
– Excusez-moi... À y penser de plus près (car on peut penser en bâillant), notre manifestation tiendrait en fait d’un exercice d’équanimité sémitique, moins pour tuer l’antisémitisme dans l’œuf (les voies à travers sa coquille sont impénétrables) mais pour commencer (enfin !) à le circonvenir.
– Pour tourner la page ?
– Oui, pour esquisser du moins un pas dans cette direction-là. Un pas vers cette indifférence-là.
– Le chemin sera long… ?
– Le chemin vers un monde purgé de « Dieu » est infini. 
[…]
– Et qu’est-ce que ça vous fait que des antisémites déclarés se reconnaîtront dans votre manif ?
– Rien.
– Vraiment rien ?
– Pas plus en tout cas que la présence déplacée de conservateurs élitistes à la manif « Y a trop d’artistes ! », de néo-colons farouches à la manif « Pour le rattachement de la Belgique au Congo ! », d’islamophobes enragés à la manif « Non ! islamisme n’est pas le seul mot qui a mal tourné : y en a plein d’autres ! », de nécrophiles douteux à la manif « La mort commence à bien faire ! », d’eurocrates convaincus à la manif « Pour enterrer en beauté l’année européenne de lutte contre la pauvreté et l’exclusion sociale (sic), les SDF fêtent 2010 ! » ou de fascistes fondamentalistes à la manif « Tous unis contre la démocratie ! ». La récupération fait partie des risques du métier de manifestant téméraire.
[…]
– Mais, excusez-moi, l’hypothèse de travail de la manif reste, me semble-t-il, que l’antisémitisme s’explique par la jalousie goy envers l’ubiquité juive. N’entretenez-vous pas à votre manière le mythe de cette ubiquité ?
– Il y a trois manières de torpiller un mythe : le pousser jusqu’à l’absurde, le déconstruire minutieusement ou en construire un autre qui soit incompatible. Avec notre manif, nous faisons les trois choses à la fois !
[…]
– Je m’entête, excusez-moi, à soupçonner un agenda caché derrière votre entreprise…
– Ne vous excusez pas d’avoir soulevé un lièvre : oui, nous avons un plan !
– Et quel est-il ?
– Mettre un point final à la distinction juif / goy.
– Tout le monde sera juif ou tout le monde sera goy ?
– Ni l’un ni l’autre. Seront juifs ceux qui embrasseront la religion juive. Et un juif perdant la foi ne sera plus juif, comme un catholique devenu athée n’est plus catholique. Il ne sera plus question de sang, de mère, de race, d’ADN, de peuple plus ou moins élu.
– Tous les juifs ne seront pas d’accord !
– Ça prendra le temps que ça prendra… Comme il a fallu quelques millénaires pour découvrir une « âme » aux femmes, ou quelques siècles pour accepter que les noirs ne sont pas « inférieurs » aux blancs… La vérité est patiente...

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