KOT-FOURDOUM / BILIAKI YO BIKOKI

Voilà en un mot, pas deux, le  manifeste de la colonisation belge et l’identité cachée de Léopold II.

Le mot « Kot-Fourdoum » est un mythe au Congo belge, la Belgique d’outre-mer, l’actuelle République Démocratique du Congo ou l’ancien Zaïre. Ses origines ? Le néerlandais de Belgique. C’est la traduction de l’expression flamande  « Godverdome. » Or, cette traduction  n’est pas un passage « passif » d’une  langue à  une autre, mais un phénomène. Il  est sur ce plan comparable au dogme de la transsubstantiation au sein de l’Eglise Catholique. Il le prouve par son efficacité à la fois pragmatique et symbolique. Pendant l’Eucharistie où le pain se transforme en corps du christ et le vin en sang du christ.  L’objectif poursuivi ? La rémission des pêchés.

Concrètement, qu’apporte comme information nouvelle cette belle thèse ? 

Godverdome du néerlandais mue et se mue en une langue nouvelle, le créole lingala-flamand, pour forger le néologisme Kot-fourdoum. Et dans cette nouvelle langue, à travers ce nouveau mot, Godverdome représente désormais sur le plan pragmatique le mythe du belge, du blanc, de sa  sagesse, sa civilisation, ses techniques, liste non limitative. Pourquoi ? Parce que ce mythe sur le plan symbolique vient de trouver un correspondant. C’est le FLAMAND. Pourquoi ? Parce qu’il ne se contente pas comme tous les coloniaux de faire peur aux noirs. Lui leur parle. Et quand il parle, ce  qu’il dit est compréhensible, au quart de tour. « Kot-fordoum pour les noirs congolais signifie « le ciel va te tomber sur la tête. Tu vas, mon bonhomme, passer un mauvais quart d’heure. »

Et sur le fond, en sens et en signification ?

Du créole « Lingala-flamand »  il mute et passe en direct, sans passeport ni visa, en lingala des congolais, des sauvages que le Blanc-belge en sa tendresse infinie est venu sauver de la damnation. Et qui sont-ils ces beaux nègres que les bons pères blancs du cardinal Lavigerie, toujours en soutane blanche et casquette coloniale blanche, comme d’ailleurs l’Etat Indépendant du Congo de Léopold II, un Etat sur le plan légal né au moniteur belge le 2 mai 1885, doivent-ils en premier, sauvés ?  Il y a les Bangala, les peuples de l’eau, du fleuve Congo, et les Bakongo, les peuples du sol, pas du sous-sol. Pourquoi ceux-là et pas les autres, les swahilis, les luba …  ? Est-ce parce qu’ils parlent le lingala, la langue des Blancs, la langue inventée par Monseigneur de Boeck et … ? Non. C’est bêtement parce qu’ils ont été les premiers nègres congolais que le blanc-belge, la civilisation …  a réussi à mettre au travail.

Les Bangala comme soldats de la Force publique. A l’époque, c’est à la fois l’armée et la police de l’Etat Indépendant du Congo. Les Bakongo comme commerçants, vendeurs itinérants, grâce au chemin de fer Matadi-Kinshasa. Stanley n’avait-il pas devant Léopold II proféré cette phrase toujours actuelle, « sans chemin de fer le Congo ne vaut pas un penny  » ?  Les Bakongo, peut-être par l’absurde, ont confirmé par leurs actes l’effectivité de ce diagnostic.  Sur le plan technique, la traduction de « Godverdome » en lingala pur jus est la suivante  : «  BILIAKI YO BIKOKI : TU VAS VOIR CE QUETU VAS VOIR. MOI LE BLANC,  SALE NEGRE, JE VAIS EN KAMUNDELE TE croquer et ce devant toi.

 

A quoi cette traduction a-t-elle débouchée et continue-t-elle aujourd’hui, dans l’ombre, à déboucher ?

Voilà le défi à révéler et peut-être pour « MANIFESTEMENT » un défi à relever.

Pour Maurice Boyikasse Buafomo ou M.B.B. comme professeur de lingala et conteur le Conte qui ne connaît pas le mot « fin »  vient de trouver ici une première fin.

Maurice Boyikasse Buafomo

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