Les mots dévoyés

(sur l’air bien connu de La vie en rose)


Des mots qu’on a vandalisés
Qui ont déçu, déteint, moisi,
Qui ont perdu leur poésie :
Y en a toute une flopée !
 
Quand les mots tombent si bas

Qu’ils sentent le tabac froid,

Il faut qu’on s’interpose !

Ils nous appellent « Au secours ! »,

On répond sans détours :

C’est la moindre des choses !

Vienn’nt-ils des singes ou des dieux ?

On s’rait tout nus sans eux :

C’est la métamorphose !

Les mots sont beaux, pleins ou vides dans notr’ bouche,

Ils disent, ils montrent, et médisent et démontent…

Mais si leur sens se fourvoie,

Les mots se sentent trahis,

Sont aux abois !


Béquilles de nos plus belles folies,

Machines à conter fleurette,

Les mots blessent moins que les fusils…

Pourvu qu’on les bien traite !


Quand les mots tombent si bas

Qu’ils salissent tout c’ qu’ils voient,

Il faut qu’on s’interpose !

Ils nous appellent « Au secours ! »,

Notr’ sang ne fait qu’un tour :

C’est la moindre des choses !

Nous entraînent où ils s’abîment,

Nous poussent où ils subliment,

Les mots, c’est quelque chose !

Les mots sont beaux, pleins ou vides dans notr’ bouche,

Ils disent, ils montrent, et médisent et démontent…

Mais si leur sens se fourvoie,

Les mots se sentent trahis,

Pleurent comme des rois !

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