Le syndicat s'engage :
En 1912, une syndicaliste américaine, Rose Schneiderman, déclarait : « L'ouvrière doit avoir du pain mais également des roses. Vous, les privilégiées, [...] n'avez rien que la plus humble des travailleuses n'ait le droit d'avoir elle aussi. »*
Sans pouvoir adhérer complètement à l'appel « Privilèges pour tous ! », volontiers provocateur et sarcastique, du Collectif MANIFESTEMENT, la CNE soutient en clin d'œil cette manifestation. Comme l'illustre la citation, le but du syndicalisme n'a jamais été uniquement de revendiquer des conditions de survie décentes pour les travailleurs, mais de revendiquer leur droit à l'émancipation la plus large : droit à l'éducation, droit à la culture, droit au loisir et au voyage, etc.
Si un temps ce but était en vue, si un temps une large part de la population était en mesure de décider de faire le tour du monde ou d'écrire un livre, nous sommes à nouveau dans une phase historique où les inégalités se recreusent à grands pas. Droit à l'éducation ? Ce droit, au Royaume-Uni, n'est déjà plus qu'un souvenir pour celui qui n'a pas le capital ou le crédit bancaire nécessaire à financer des études supérieures. Culture, loisir ? Pour celle ou celui qui n'a qu'un travail précaire dans l'horeca ou la distribution pour lequel, sans certitude de revenu, il doit quand même se tenir disponible chaque soir et chaque week-end, structurer une vie hors du travail devient impossible.
Contre le discours dominant, contre l'austérité organisée pour renforcer les inégalités, les alliances les plus larges sont indispensables. La CNE salue toute initiative en ce sens et, dans le respect du ton, du style et du mode d'action de chacun, participe.
* Citation complète :
« La femme qui s'échine au travail veut avoir le droit de vivre, pas simplement d'exister -- elle veut avoir le droit de vivre ce que la femme riche a le droit de vivre, et profiter du soleil, de la musique et de l'art. Vous n'avez rien que la plus humble des travailleuses n'ait le droit d'avoir elle aussi. L'ouvrière doit avoir du pain mais également des roses. Aidez-les, vous les privilégiées, donnez-leur le bulletin de vote qui sera leur arme. »
Citation originale :
"What the woman who labors wants is the right to live, not simply exist —
the right to life as the rich woman has the right to life, and the sun
and music and art. You have nothing that the humblest worker has not a
right to have also. The worker must have bread, but she must have roses,
too. Help, you women of privilege, give her the ballot to fight with."