Philip Converse (1928- ---)
politologue américain
Résumé de "The nature of belief systems in mass publics" [La nature des systèmes de conviction des masses] in Ideology and Discontent, ed. David Apter, 1964, article fondateur de la sociologie du comportement électoral :
« Selon Converse, seuls 10 % des citoyens possèdent ce qu’on peut appeler un système de conviction politique. Il les a appelés les ‘idéologues’ ; non pour rendre compte d’un quelconque fanatisme mais pour caractériser leur compréhension de ‘ce qui va avec quoi’ – de la manière dont un ensemble d’opinions forme une philosophie politique cohérente. Il peut arriver aux non-idéologues d’employer des termes comme ‘progressiste ‘ ou ‘conservateur’ mais, aux yeux de Converse, ils ne savent fondamentalement pas de quoi ils parlent et leurs convictions se distinguent par un manque de ‘contrainte’ : ils ne voient pas en quoi une opinion (il y a trop d’impôts, par exemple) devrait logiquement en exclure d’autres (il faut plus de programme sociaux, par exemple). Environ 42 % des électeurs, selon ces enquêtes réalisées en 1956, votent non pas en fonction d’une idéologie constituée, mais de ce qu’ils perçoivent comme leur intérêt personnel. Tous les autres s’appuient sur leur perception positive ou négative de l’époque (environ 25 %), ou de facteurs indépendants de toute problématique politique perceptible. Converse met 22 % de l’électorat dans cette catégorie. En d’autres termes, il y a à peu près deux fois plus de citoyens totalement dénués de vision politique que d’électeurs dotés d’un système de conviction cohérent.
Mais ce n’est pas parce les opinions d’un individu ne correspondent pas à ce qu’un politologue qualifie d’idéologie que ces opinions ne sont pas cohérentes au regard d’un système de conviction plus personnel. Hélas ! Converse a trouvé des raisons de douter aussi de cette possibilité. Lorsque les enquêteurs demandent aux sondés leur avis sur tel ou tel sujet, ces derniers se sentent généralement obligés d’en avoir un. Leur réponse est dûment enregistrée et devient une donnée dans une enquête d’’opinion’. Mais, après avoir analysé les résultats d’enquêtes successives, où les gens avaient tendance à donner des réponses différentes et incohérentes aux mêmes questions, Converse à conclu qu’’une patrie très substantielle de l’électorat’ a des opinions totalement dénuées de sens – des réponses toutes faites à des questions auxquelles ils n’avaient jamais réfléchi avant, qui ne reposent sur aucun système de valeurs sous-jacent. Ces gens pourraient tout aussi bien fonder leurs choix sur le temps qu’il fait. D’ailleurs, c’est ce que font bon nombre d’entre eux. »
(extrait de « L’ignorance de l’électeur », Louis Menaud, The New Yorker, 2004 ; traduction in Books, novembre 2010.)
D'où se déduit le slogan suivant :
Piège à cons ?
|