3 novembre, gare Centrale :
Nasser : « Très bonne initiative !.... Faudrait avoir fait ça depuis longtemps !... Se montrer ? Mais, vous savez, cette habitude de se cacher, c’est un engrenage, ça vous rentre dans la peau, comme on dit : les oiseaux se cachent pour mourir… Les autorités, c’est toujours du blabla et y jamais rien… Et il y a de plus en plus de jeunes [Nasser a 35 ans] … Rien qui bouge et tous ces bâtiments vides, vides, vides !... Les centres d’hébergement, y a pas d’hygiène : t’attrapes la galle, des poux, des morpions, des acariens, tout le bazar… Trop pété, c’est fini, c’est foutu [son « frère » Williams, réfugié chilien, acquiesce]… On boit juste pour se réchauffer… C’est malheureux… Et on est agressés, même par des agents de sécurité: l’habit fait le moine… Bien sûr que je viendrai. Vous êtes nombreux à lancer ça ?.... Artiste ? Vraiment ? Je pensais au début que vous étiez un curé… ou un flic en civil, ou un médecin… ou un fou, échappé de l’asile… »
Brigitte & Max, son chien : « [son visage effrayamment prostré, inerte, rougeaud, comme médusé, s’illumine tout d’un coup à l’énoncé du titre de la manifestation] Excellente idée ! C’est drôle, pertinent et absolument nécessaire… [rires répétés et communicatifs]… Enfin un truc qui sort de ce qu’on entend toujours !!! Excellente idée ! Donnez, donnez [des flyers]… Mais quel pourcentage va-t-on négocier ? Pas une petite baisse de 3 %, hein ? Non, un bon 25 %, une baisse d’un quart du prix : je suis totalement d’accord. Mais pour obtenir 25 %, faudra être nombreux, très nombreux, évidemment : c’est ça l’idée, non ?... Ce sera notre Noël à nous, juste un mois après… Merci. À bientôt… »
Patrick : « Je voudrais juste qu’on me foute la paix et qu’on ne pique pas mes affaires… Je veux pas rester dans la rue…. 15 ans… »
Aziz : « Toutes les manifestations qui sont bonnes pour quelque chose sont bien… Mais ce serait mieux avant le 15 décembre [échéance pour la remise des dossiers de régularisation des sans-papiers]… Mais le 24 janvier…. C’est loin, et beaucoup aura changé entre-temps, j’espère…. »
Philippe : « Oh mais je bois très peu, moi, juste un peu… Et puis l’alcool n’est vraiment pas cher à Bruxelles, alors là, pas cher du tout ! Ça, c’est une bière de luxe, et ça coûte moins de 1 €… [long discours, extrêmement détaillé et minutieux sur les lieux de vente et prix et marques et sous-marques de bières]… C’est vraiment pas ça qui manque… La manif ? Quelle manif ?... »
Stoil : « Necessitamos un trabajo, por favor, tengo ambre e hace frio… es urgente… OK ? … Un trabajo… Ok ?... Por favor… »