Vanessa rencontre Franz et Ricardo au Clos Sainte-Thérèse :
Ricardo doute de l'efficacité de la démarche pour remettre en question le cliché persistant faisant de tout SDF un alcoolique.
Le thème de l'alcool l'irrite car il est terriblement exaspéré par la tolérance à l'égard des personnes qui se saoûlent en rue : leurs attitudes son réellement problématiques pour les autres. Il est très favorable à l'application de l'interdiction de boire en rue qui met des limites à l'envahissement de l'espace public par ces comportements.
Ricardo pour autant n'est pas contre le projet de manifestation ni contre la participation d'autres SDF, chacun devant pouvoir s'exprimer librement. Il pourrait même y trouver une motivation toute personnelle : organiser un concours pour SDF alcooliques le long du canal. L'objectif des participants, dont il ne doute pas de la motivation, serait d'arriver à aller chercher des bacs de bière au fond du canal sans boire la tasse. Ricardo considère qu'il s'agirait là d'un moyen efficace de résoudre une partie du problème qu'il soulève. Mais sans l'espoir de pouvoir concrétiser ce concours, on ne le verra probablement pas à la manifestation...
Franz s'accorde avec l'initiative dans la mesure où il s'agit d'attirer l'attention sur un phénomène de société même s'il ne croit pas que ça changera quelque chose.
Par ailleurs, il tient à ce que chacun puisse être libre de formuler son opinion et de la manifester mais quant à lui, il ne s'associera pas à la revendication de baisse du prix de l'alcool. La prise de parole pour une reconnaissance en tant que personne désireuse et non seulement demandeuse : OK. Mais le projet ne présente pas à ses yeux de perspective assez efficace pour supplanter sa crainte d'être discrédité par le comportement de compagnons d'infortune manifestement alcooliques. Il constate en effet que le cliché SDF=alcoolique est bien persistant puisqu'il suffit, pour y être illico associé, qu'une personne peu soignée soit avec sa bière et/ou à proximité de vous au moment où vous vous désaltérez sur un banc avec votre innocente et occasionnelle bière.
Et puis, d'avoir travaillé en contexte médical où il a vu et revu les mêmes épaves alcooliques capter les forces et les ressources de l'aide dont d'autres auraient bien eu besoin, Franz jette un regard désabusé sur cette maladie et la responsabilité de ceux qui la portent : il ne peut s'engager dans une démarche qui lui semble aller contre sa nature.