La dimension « corporatiste » est en fait à relativiser dans la mesure où la revendication n’est pas une baisse du prix de  l’alcool pour les SDF, mais en général. Là se joue la dimension « politique » de la manifestation :

         La lutte politique véritable ne constitue donc pas en conséquence un débat rationnel entre des intérêts multiples, mais le combat mené simultanément pour faire entendre sa voix et la faire reconnaître comme celle d’un partenaire légitime. […] La situation se politise lorsque […] la protestation ne concerne plus en réalité cette demande, mais la dimension universelle qui résonne dans cette demande particulière. […] Il n’existe pas d’universel véritable sans processus d’affrontement politique, sans « part des sans-part », sans entité marginalisée se présentant / s’insurgeant en tant que porte-parole de l’universel. […] Voilà la politique au sens propre du terme : le moment où une demande particulière  […] commence à fonctionner comme la condensation métaphorique de la restructuration globale de l’espace social dans sa totalité.

Slavoj ŽIŽEK, Plaidoyer en faveur de l’intolérance, Climats, 2004.

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